Entrepreneur et écrivain
La savonnerie a vu le jour en Mai 2001. Pas d’étude marché, encore moins de plan d’affaires, pas de financement non plus, pourquoi? Parce que le projet est… tombé du ciel…
Des avions, un roman et…. des savons
Un rêve devenu réalité… ou à peu près.
Nanti d’un diplôme américain de pilote professionnel, j’ai débarqué en Nouvelle France en provenance de l’ancienne, avec la ferme intention de piloter des avions de brousse. Mon rêve de gamin… Seulement en 1992, c’était la récession et il était pratiquement impossible de trouver du travail pour des jeunes pilotes sans expérience. J’ai créé alors une compagnie de tourisme d’aventures spécialisée en séjours de raquettes à neige et d’expédition de canot de rivière.
Assez rapidement, du tourisme d’aventure, je suis passé au tourisme d’affaires à organiser des conventions et autres voyages de motivation pour des grandes entreprises. La compagnie fonctionnait bien, suffisamment pour acquérir un vieil avion de brousse de 1952, une antiquité qui se pilotait les fesses serrées, mais qui volait… Une partie de mon rêve se réalisait…
Après six années au Québec et nombre d’aventures, j’ai ressenti l’appel de la forêt… celle de l’Ouest canadien. J’ai jeté mon dévolu sur la ville de Victoria et loué une maison dans sa banlieue. J’ai acheté la moitié des parts d’une compagnie de croisière aux baleines qui possédait deux bateaux rapides directement dans le port de Victoria. Seulement, mon associé et son comptable fourbe avaient maquillé les comptes, la compagnie était en faillite et on me l’avait bien dissimulé. Nous avons perdu toutes nos économies dans cette affaire, je dis nous car nous étions une famille avec deux jeunes enfants.
Sensiblement au même moment, un de mes anciens clients d’une agence de voyage d’affaires française m’a appelé pour me demander d’organiser une convention de plus de cinq cents personnes à Québec. Un contrat faramineux qui nous a permis ma famille est moi, de nous refaire une santé financière et d’acheter une petite ferme au Nouveau Brunswick, la seule dans nos moyens de l’époque.
Le Chevalier des arbres
J’ai décidé de prendre deux années sabbatiques pour nous remettre de ces aventures et surtout pour écrire mon premier roman, le Chevalier des arbres. Je caressais cette idée depuis très longtemps sans jamais avoir eu le temps de m’y consacrer.
Comble de bonheur, une grande maison d’édition de Montréal décide de me publier et de présenter mon livre au prestigieux prix littéraire du Gouverneur Général. J’ai été finaliste et par voie de conséquences, mon ouvrage a été en lecture obligatoire dans nombre d’écoles secondaires à travers tout le Canada.
Le Chevalier des arbres est devenu best-seller avec 10 000 exemplaires vendus.
Un retour au Québec
Et puis il a fallu retravailler et donc retourner au Québec pour y organiser des conventions et autres séminaires. J’ai acheté une terre en friche sur le chemin des Pères à Magog, avec une vieille grange en construction que j’ai fait aménager en une maison d’habitation. J’y ai installé mes bureaux d’agence, le business allait bien et nous vivions tranquilles en pleine nature.
C’était à ce moment là que le destin est venu cogner aux portes du domaine.
Septembre 2001, les avions dans les tours qui s’effondrent à New York, tous mes groupes annulés sans compensation en une journée, par peur d’attentat à venir. Nous voilà une fois de plus sans revenu aucun, vivant sur une terre qu’il fallait bien payer et avec une famille à nourrir.
Ma conjointe de l’époque possédait un diplôme en phyto-esthétique, elle savait fabriquer le célèbre savon de Castille à l’huile d’olive. Nous avons pris notre courage à deux mains et avons fabriqués nos premiers savons dans notre cuisine. Il y avait un vieux kiosque à légumes au bord du chemin des Pères, nous l’avons retapé et repeint et en Mai 2002, nous avons ouvert Savon des Cantons. Pour un été seulement, pour pouvoir payer notre hypothèque et nourrir nos enfants, le temps que les menaces d’attentat s’estompent et que la situation internationale redevienne normale… Pour un été seulement…
La savonnerie va fêter plus de vingt ans d’exploitation, nous avons 17 employés et recevons chaque saison plus de 25 000 personnes… un succès que personne ne pouvait prévoir… Quand je vous disais que le destin était venu frapper aux portes du domaine le 11 Septembre 2001, ce n’était pas exagéré… les pilotes qui ont planté les avions dans les deux tours, m’amenant à créer Savon des Cantons, je les avais probablement déjà rencontrés. Ils avaient été formés dans une petite école de pilotage de Floride au sud de Tampa Bay, une école que je ne connaissais que trop bien pour y avoir passé également mes diplômes de pilote professionnel…
On ne connait jamais les conséquences du hasard de nos rencontres…